Full Description
Distinguer le croyant, le musulman, le combattant et l’émigré sur le chemin d’Allah
من هو المسلم والمؤمن والمجاهد والمهاجر في سبيل الله؟
Distinguer le croyant, le musulman, le combattant et l’émigré sur le chemin d’Allah
D’après l’Imam Ahmad dans son Musnad, selon Fudala ibn ‘Ubayd (y), le Messager d’Allah (ﷺ) a dit au cours du Pèlerinage d’Adieu : « Vous informerais-je au sujet du croyant ? C’est celui dont les gens ne le craignent pas à l’égard de leurs biens et pour leurs propres personnes. Le musulman, est celui qui épargne les musulmans de sa main et de sa langue. Le combattant est celui qui lutte contre son âme pour la soumettre à Allah. L’émigré est celui qui délaisse les fautes et les péchés. »[1] Ce hadith fait partie des recommandations que le Prophète (ﷺ) a données et enseignées à sa communauté au cours du Pèlerinage d’Adieu. Il a donné aux nobles noms suivants leur sens véritable : la croyance, l’Islam, le combat, et l’émigration. Il a désigné les personnes qui en sont qualifiées en premier lieu, en dévoilant le sens profond que cela implique : la source de leur bonheur absolu sur terre et dans l’au-delà. Enfin, il a fixé leur contour à travers un discours concis et précis.
1- Le croyant est celui dont les gens n’ont rien à craindre pour leurs biens et pour eux-mêmes. En effet, la foi, lorsqu’elle imprègne le cœur et l’envahit, oblige son auteur à remplir les exigences que celle-ci requiert. Elle réclame entre autres de respecter ses engagements, être sincère dans les relations avec autrui, renoncer à être injuste envers les gens au niveau de leur personne et de leurs biens. L’auteur de telles vertus ne peut passer inaperçu. Les gens seront rassurés au niveau de leurs biens et de leur personne, et ils auront confiance en lui, car connaissant pertinemment son scrupule face à ses engagements. Remplir ses engagements compte parmi les obligations les plus caractéristiques de la foi comme l’affirma le Prophète (ﷺ) : « Quiconque n’est pas fidèle à ses engagements ne peut prétendre à la foi. »[2]
2- Le musulman est celui qui épargne les musulmans de sa main et de sa langue, étant donné que le véritable Islam consiste à se soumettre à Allah et à parfaire Son adoration, tout en respectant les droits des musulmans. L’Islam ne peut s’accomplir tant que l’individu n’aime pas pour ses frères ce qu’il aime pour lui-même. Cela ne peut se réaliser s’il ne leur épargne pas le mal de sa langue ou de sa main.
Voici le principe lié au devoir qui incombe aux musulmans. Celui qui n’épargne pas autrui par sa langue et par sa main, comment peut-il remplir son devoir envers ses frères musulmans ? Celui qui laisse libre cours à sa langue ou sa main en portant atteinte aux musulmans, dans l’intention de faire du mal et de porter préjudice à autrui, comment peut-il réaliser son Islam ?
En épargnant les autres de son mal au niveau des paroles et des actes, la personne dévoile la plénitude de son Islam. Cela démontre que le croyant se trouve à un niveau plus élevé que le musulman étant donné que la personne en qui les musulmans ont confiance concernant leurs biens et leurs personnes va a fortiori s'épargner de leur porter préjudice par sa langue ou sa main. S’il ne les avait pas épargnés ainsi, ils n’auraient certainement pas confiance en lui.
Or, ne pas subir le mal de quelqu’un n’implique pas forcément avoir confiance en lui. Les gens sont susceptibles de ne pas avoir confiance en un individu qui pourtant ne leur fait aucun mal. Il se peut qu’il ne leur fasse aucun mal, comme ils l’appréhendent, poussé par certaines craintes ou d’autres motivations, et non incité par la foi recelée par son cœur. Il a donc caractérisé le musulman par une qualité extérieure qui est de ne pas faire de mal aux gens, comme il a caractérisé le croyant par une qualité intérieure pour avoir gagné leur confiance au niveau de leurs biens et de leur personne ; cette qualité étant prépondérante par rapport à l’autre.
3- Le combattant est celui qui lutte contre son âme pour la soumettre à Allah. L’âme, par nature, n’est pas encline à faire le bien. Elle se laisse plutôt guider par les mauvais penchants, de même qu’elle perd sa sobriété face au malheur.
Elle a donc besoin de s’armer de patience et de faire des efforts pour s’imposer l’obéissance à Allah et se maintenir dans cette optique. L’individu doit donc, faire des efforts pour ne pas commettre de péchés. Il doit sans cesse calmer ses penchants et s’armer de patience dans l’adversité. Voici donc les éléments faisant partie intégrante de l’obéissance à Allah : accomplir ses obligations, s’éloigner des interdictions et endurer le destin. Le vrai combattant s’engage dans cette bataille afin de soumettre son âme à ses devoirs et à sa fonction adéquate.
La lutte intérieure se vérifie à quatre niveaux :
Premièrement : s’efforcer de rechercher le droit chemin et la vraie religion, car l’âme n’aura ni joie ni bonheur, ici-bas et dans l’au-delà, sans s’en être instruit. A défaut de s’en abreuver, elle se voue au malheur dans les deux mondes.
Deuxièmement : s’efforcer de mettre en pratique les enseignements acquis. En effet, s’il est loin d’être néfaste, le savoir sans les actes est en tout état de cause inutile.
Troisièmement : s’efforcer de prêcher ce que l’on a appris et l’enseigner à ceux qui l’ignorent. Sinon, on risquerait de compter parmi les damnés pour avoir dissimulé la bonne voie descendue d’Allah et les versets évidents. Leur savoir ne peut leur être utile et ne peut les sauver du châtiment d’Allah.
Quatrièmement : l’individu doit s’armer de patience face aux difficultés rencontrées au cours de son prêche. Il doit, de surcroît, endurer le mal des gens, et supporter tous ces obstacles pour Allah. L’érudit ibn Al Qayyîm est l’auteur de cette graduation – qu’Allah lui fasse miséricorde –.[3]
Par ailleurs, il est certifié dans un propos prophétique que le Prophète (ﷺ) a dit : « Le meilleur combat (Djihad), pour un homme, est de combattre son âme et ses passions. » [4]
Si les musulmans négligent leur combat intérieur, ils seront plus vulnérables face à leurs ennemis qui risquent opportunément de prendre le dessus sur eux. Le Cheikh de l’Islam ibn Taymiyya – qu’Allah lui fasse miséricorde – nous fait part de la remarque suivante : « Lorsque la victoire revient aux infidèles, cela provient des péchés des musulmans à l’origine d’une baisse de foi, mais s’ils se repentent en perfectionnant leur foi, Allah leur assurera la victoire sans le moindre doute. » [5]
4- L’émigré est celui qui délaisse les fautes et les péchés. Cette émigration incombe à tous les musulmans sans exception. Aucune personne responsable ne peut en être exemptée, quelle que soit sa situation. Allah a formellement défendu à Ses serviteurs de violer Ses interdits et de commettre toute sorte de péchés. Il leur a aussi imposé de se soumettre à Son obéissance et de suivre Son Messager (ﷺ).
L’émigration contient un point de départ et un point d’arrivée. Cela consiste à extraire du cœur l’amour voué à un autre qu’Allah pour se consacrer à son dévouement exclusif, fuir l’adoration d’une créature pour la consacrer à Lui. L’individu doit changer ses peurs, ses espoirs, et sa confiance envers quiconque pour les consacrer à Son Seigneur. Il doit vouer ses implorations, ses demandes, son humilité, son rabaissement, et son attachement uniquement à Lui. Il doit passer de l’état de péché à un état de repentir, il doit s’orienter vers Allah exclusivement tant dans ses peurs et ses ambitions que dans son humilité et son rabaissement. Il est certifié dans le Sahîh Bukhârî que le Prophète (ﷺ) a dit : « L’émigré est celui qui délaisse les interdits d’Allah. »[6] En effet, Allah a interdit l’association, de suivre les passions, et de sombrer dans les péchés.
Le véritable émigré est celui qui délaisse toutes ces choses à la fois et qui se tourne exclusivement vers Allah dans la sincérité (du cœur) et vers Son Prophète dans la conformité (des actes), tout en évitant les péchés et s’en éloignant. Quoi qu’il en soit, concernant ce hadith, quiconque met en pratique ces enseignements, met, de surcroît, en pratique la religion dans son ensemble.
Celui qui épargne les musulmans de sa langue et de sa main, et pour qui les gens sont rassurés au niveau de leurs biens et de leur personne, qui délaisse les interdits d’Allah, lutte contre son âme afin de la soumettre à Allah, aura accompli tout le bien possible sans rien omettre, tant au niveau temporel que spirituel, et tant au niveau du cœur qu’au niveau des actes. Il n’y aura plus un mal sans qu’il ne l’ait délaissé. Certes, Allah est le Seul pouvant le garantir.[7]
[1] Mousned Ahmed (21/6) ; el Albani - Allah lui fasse miséricorde - l’a authentifié dans e-Sahiha (549).
[2] Rapporté par Ahmed (135/3), et ibn Hibben (194), selon Anas ibn Malik - qu’Allah l’agrée - ; el Albani - Allah lui fasse miséricorde - l’a authentifié par le biais d’un autre dans Sahih Mawarid e-Zham-an (42).
[3] Zad el Ma’ad (3/6).
[4] Rapporté par ibn e-Najjar, selon Abou Dhar - qu’Allah l’agrée - ; el Albani - Allah lui fasse miséricorde - l’a authentifié dans Sahih el Jami’ (1099).
[5] El Jaweb e-Sahih li man baddala dine el Masih (6/450).
[6] L’Authentique d’el Boukhari (10), selon ‘Abd Allah ibn ‘Amr -qu’Allah l’agrée-.
[7] Voir : Bahjat Qouloub el Abrar d’ibn Sa’di (17-19).